Ah, la mobilité électrique ! On nous l’avait vendue comme la promesse d’une cité fluide, silencieuse, verte, respectueuse. On nous l’avait enrubannée d’utopies californiennes, de startups bien intentionnées et de powerpoint ministériels. Et voici ce que nous avons : l’anarchie sous perfusion lithium-ion.

Le piéton, jadis roi de la ville (à défaut d’être roi du monde), est devenu un gibier. À tout moment, surgit une trottinette kamikaze, un vélo surgonflé à l’arrogance écolo, ou un scooter électrique persuadé que les trottoirs sont une piste de Formule 1 urbaine. Résultat : le marcheur moyen n’avance plus, il esquive, saute, se cabre, prie.

C’est le règne de la mobilité incivile, oxymore magnifique et funeste : une avalanche de roues, toutes « douces », mais dont la brutalité est totale. La douceur électrique qui vous fracture la clavicule. La modernité verte qui vous envoie aux urgences.

🌱 Écologie punitive, urbanisme funèbre

Le plus beau ? Les pouvoirs publics observent ce chaos comme des botanistes contemplant une serre expérimentale. Fascinés, muets, inactifs. Après tout, ils ne voient pas des piétons renversés, mais de la « mobilité verte », des « innovations durables ». Les victimes sont rebaptisées « ajustements nécessaires à la transition ».

C’est le philtre écologiste de notre époque : tout est pardonné au nom du climat. Une trottinette écrase une grand-mère ? Bah, c’est toujours moins polluant qu’un SUV. Un scooter renverse un gosse ? C’est pour sauver la planète. L’écologie se lave dans le sang urbain.

🤡 Homo festivus roule pour sa cause

Philippe Muray l’avait annoncé : l’Homo festivus ne supporte pas la contrainte, surtout pas celle du Code de la route. Il veut jouir en roulant, pédaler en diagonale, zigzaguer sans frein ni clignotant. Et tant pis si, pour sa fête permanente, le piéton devient un obstacle gênant, une anomalie lente dans une chorégraphie de vitesse.

Car tout doit aller plus vite, plus loin, plus « smart ». Le trottoir n’est plus un espace public, mais un plateau de jeu géant pour immatures électrifiés.

⚡ Progrès ou régression ?

On appelle ça « progrès » : mais où est-il ? Dans l’invasion sonore de klaxons électroniques, dans les amas de trottinettes jetées comme des cadavres de cyborgs à chaque coin de rue ? Dans la privatisation sauvage du sol public ?

Le progrès, ici, n’est qu’un caprice technologique recyclé en vertu écologique. Et derrière ce vernis, on retrouve la même bêtise qu’avant, mais accélérée par batterie.

Hier, le trottoir était encore un espace de promenade, de flânerie, de lenteur assumée. Aujourd’hui, c’est un champ de bataille miniature, où la marche est devenue une pratique risquée, presque subversive.

Demain, on érigera peut-être des stèles : « Ici est tombé le dernier piéton, victime d’une trottinette autonome ».

Et les pouvoirs publics, dans leur torpeur éco-messianique, applaudiront encore : car mourir pour la planète, n’est-ce pas la nouvelle forme de sainteté ?

🚦 Citations urbaines & satiriques

1. « La civilisation commence au passage piéton, et s’achève à la première trottinette électrique. »
2. « Jadis, les enfants rêvaient de voitures volantes. Aujourd’hui, ils rêvent de slalomer en scooter jaune entre les vieillards et les poussettes. »
3. « Le trottoir n’appartient plus au piéton : il est devenu la piste de décollage des incivilités modernes. »
4. « Oui-Oui avait une petite voiture bleue ; aujourd’hui il a un scooter jaune à réaction. Le progrès, c’est surtout l’accélération de la nuisance. »
5. « La vraie écologie ? Remettre un banc public là où l’on a installé 14 trottinettes électriques renversées. »
6. « La mobilité douce n’a jamais été aussi brutale. »
7. « Les villes intelligentes ont inventé le plus bête des usages : la jungle urbaine sur roulettes. »
8. « Philippe Muray avait son Homo Festivus. Nous avons l’Homo Scootérus : bourdonnant, inconscient, persuadé d’être vertueux. »

🎶 Playlist « Oui-Oui à réaction »

1. Motörhead – Ace of Spades 🚀
   → Le scooter jaune, version roule ou crève.
2. Kraftwerk – Autobahn
   → Le rêve techno des trottoirs transformés en autoroute futuriste.
3. Plastic Bertrand – Ça plane pour moi
   → Quand Oui-Oui s’imagine héros intergalactique en slalomant entre deux poussettes.
4. Iggy Pop – The Passenger
   → Mais qui est encore passager ? Personne : tout le monde est lancé en roue libre.
5. The Stooges – Search and Destroy
   → La devise secrète des trottinettes électriques sur les trottoirs.
6. Lou Reed – Walk on the Wild Side
   → Version piétonne : traverser un passage clouté en évitant scooters, vélos et trottinettes.
7. The Clash – I Fought the Law
   → Et c’est toujours la trottinette qui gagne.
8. Dead Kennedys – Holiday in Cambodia
   → Le chaos urbain présenté comme un voyage exotique.
9. AC/DC – Highway to Hell
   → Quand les trottoirs deviennent l’autoroute vers les urgences.
10. The Velvet Underground – I’m Waiting for the Man
    → Ici, le « man », c’est le piéton qui attend désespérément que son trottoir lui soit rendu.

👉 On pourrait même conclure la playlist avec un clin d’œil enfantin et cynique :
Henri Dès – La petite Charlotte remix punk… pour rappeler que ce sont bien les enfants de Oui-Oui qui ont hérité du trottoir.