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REPORTAGE - Au-dessus du parc André-Citroën, à Paris, le ballon Generali ne se contente pas d’offrir une vue imprenable sur la capitale. C’est un véritable observatoire scientifique qui analyse le ciel parisien pour étudier la pollution de l’air, et depuis peu son influence sur la santé mentale.
En ce matin d’octobre, les conditions météorologiques pour le décollage sont presque parfaites. Le ballon Generali monte lentement au-dessus du parc André-Citroën, à Paris. Un grand soleil et un ciel sans vent permettent au ballon de s’envoler à sa hauteur maximale, 300 mètres. À cette altitude, il s’agit du deuxième point le plus haut de la capitale après la tour Eiffel. « Paris et les ballons, c’est une vieille histoire d’amour. Mais celui-ci est unique au monde », confie Matthieu Gobbi, directeur général d’Aérophile, la société qui exploite le ballon.
Tout commence en 2008, avec une première collaboration entre Airparif et le CNRS qui permet d’installer un indicateur de la qualité de l’air sur le ballon. Celui-ci change de couleurs en fonction de la qualité de l’air, du bleu (bon) au violet (extrêmement mauvais). Cette coopération n’a cessé de se renforcer depuis 2013, avec le soutien de l’assureur Generali. Le ballon est devenu un véritable laboratoire volant. Sous son enveloppe géante remplie d’hélium, des capteurs mesurent en continu les particules fines, les oxydes d’azote et les variations de température. Autant d’indicateurs pour mesurer l’évolution de la pollution urbaine et du changement climatique.
Et depuis ce 9 octobre, un nouvel acteur intègre le consortium scientifique travaillant avec le ballon Generali : l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale (IMRB), à Créteil. Son objectif ? Mieux comprendre comment les bouleversements environnementaux et la pollution de l’air altèrent notre santé mentale.
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Quand la pollution de l’air impact la santé mentale
À mesure que la nacelle s’élève, Paris se dévoile : le ruban bleu de la Seine, la couronne de la Maison de la Radio et une vue dégagée sur des kilomètres à la ronde. C’est dans ce calme suspendu, que Stéphane Jamain, directeur de recherche à l’Inserm, m’explique comment cette pollution invisible à l’œil nu peut aussi impacter notre santé mentale. « On sait depuis longtemps que l’air pollué fragilise les poumons et la santé physique en général», dit-il en scrutant la ligne d’horizon. « Mais il affecte aussi la santé mentale. » Son équipe, à l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale (IMRB), étudie les liens entre exposition chronique à la pollution atmosphérique et troubles psychiatriques. En comparant les chiffres des admissions aux urgences psychiatriques avec la qualité de l’air, ils ont prouvé que les pics de pollution provoquent une hausse des troubles psychiatriques. « Les années où il y a le plus de pics de pollution, les entrées aux urgences psychiatriques augmentent de 6% » indique le chercheur.
Vivre dans une ville, soumise à une forte pollution de l’air, multiplie par trois le risque de souffrir de psychoses.
Selon les hypothèses des chercheurs, les particules fines (inférieures à 2,5 micromètres) pourraient franchir la barrière hématoencéphalique et provoquer une inflammation neuronale silencieuse. « C’est une agression invisible, mais continue », précise le chercheur.
Alors que la concentration en particules fines diminue en France, un autre facteur de risque pour notre santé mentale gagne du terrain, la chaleur. Selon Santé publique France, les périodes de canicule peuvent entraîner jusqu’à 7 000 décès supplémentaires chaque année. À cela s’ajoute une hausse de l’anxiété, de la dépression et des épisodes psychotiques. La raison ? Le stress thermique et le manque de sommeil. Le chercheur pointe un constat inquiétant : « Les vagues de chaleur s’accompagnent d’une augmentation de 10% des admissions pour troubles psychiatriques et chaque degré supplémentaire augmente de 1% les suicides.»
Un laboratoire pour reproduire l’air de nos villes
Au sol, dans son laboratoire de Créteil, Stéphane Jamain travaille avec une chambre de simulation atmosphérique, en partie financée par Generali, capable de recréer à l’identique l’air respiré dans les grandes villes. À l’intérieur de ce site unique en Europe, un mélange précis de particules, d’ozone et d’oxydes d’azote permet de reproduire l’atmosphère de Paris un jour de pic de pollution. « On peut y exposer des embryons cérébraux, qui nous permettent vraiment de voir l’impact de cette pollution atmosphérique sur le développement des neurones. On peut analyser le lien entre la pollution atmosphérique et les maladies du cerveau, et en particulier les maladies psychiques. » explique le chercheur. Le ballon Generali, en mesurant la composition réelle de l’air à différentes altitudes, permet d’alimenter ces expériences en données concrètes. « Les capteurs du ballon nous renseignent sur la nature exacte des polluants, et nous, nous essayons d’en comprendre les conséquences biologiques. »
Des cerveaux inégaux face à la pollution
Mais nous ne sommes pas tous égaux devant ces agressions invisibles. Certains individus semblent plus résistants que d’autres à la pollution atmosphérique. Et l’équipe de recherche se demande pourquoi. « Nous cherchons à identifier les facteurs de vulnérabilité », confie Stéphane Jamain. Des différences génétiques, mais aussi des facteurs sociaux ou nutritionnels pourraient expliquer pourquoi certains développent des troubles psychiatriques, quand d’autres y échappent. « Il n’y a quasiment zéro étude qui a été faite jusqu’à présent sur ce sujet, donc là on est vraiment innovants. Il y a vraiment tout à découvrir », conclut le chercheur.


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