IMMIGRATION - Sa mort avait provoqué l’indignation et l’émotion en France. En juin dernier, Mamadou Garanké Diallo, 21 ans, avait été retrouvé mort alors qu’il tentait de quitter la France pour éviter d’être renvoyé dans son pays. Ce jeune Guinéen travaillait depuis six ans dans une boucherie près de Rouen, où il était très apprécié.

« On ne peut plus compter sur lui, le pauvre, on l’a tué », s’émeut son patron, Claude Renard, dans un reportage d’Envoyé Spécial qui sera diffusé ce vendredi 24 octobre sur France 2. Les larmes aux yeux, le boucher accuse « le système » et « tous les politiques » d’avoir condamné son apprenti. Il avait tenté d’aider le jeune Guinéen lorsque ce dernier avait reçu sa seconde obligation de quitter le territoire français (OQTF), et était loin de s’imaginer une fin aussi tragique.

« Il travaillait très bien », se souvient Claude Renard, comme vous pouvez le voir dans l’extrait ci-dessous. « Je suis en colère quand je vois tout ça. C’était presque comme un fils. Est-ce que j’aurais pu faire mieux ? Je pense avoir tout donné », ajoute-t-il.

Malgré son emploi et sa volonté d’intégration via les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), le jeune homme a d’abord été visé par une OQTF en avril 2023. Grâce à une pétition, lancée par son patron et les habitants de sa ville, ainsi qu’un courrier au préfet signé de la main du maire de Rouen et de plusieurs députés, il avait finalement obtenu un récépissé de six mois qui l’autorisait à travailler temporairement. Il esperait qu’un titre de séjour lui soit ensuite accordé.

Mort un mois après avoir reçu son OQTF

À peine deux ans plus tard, en mai 2025, Mamadou reçoit au contraire une nouvelle OQTF. Il est contraint de quitter son travail, et doit partir du territoire français sous 30 jours. « Quand il ne pouvait plus être employé chez ce boucher, tout s’est écroulé pour lui, donc il s’est dit : “Là, je n’ai plus d’espoir ici, je vais aller chercher ailleurs” », raconte Dominique Pierre, bénévole du Réseau éducation sans frontières (RESF) à Rouen.

Alors qu’il tentait de rejoindre l’Angleterre, le jeune Guinéen a été « écrasé entre la cabine et la remorque d’un camion au moment du démarrage, alors qu’il s’était faufilé pour tenter de gagner clandestinement l’Angleterre », rapporte France info. « Mamadou, s’il n’avait pas reçu cette fameuse lettre, il serait toujours avec nous », regrette son ancien patron.

Interrogé sur ce drame, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, a exclu toute responsabilité de l’État. « Son dossier avait été examiné à deux reprises. Mamadou Diallo est rentré de manière illégale sur le territoire national, et il s’y est maintenu de manière illégale. Il n’avait pas d’autorisation de travail », a-t-il déclaré mardi face à l’Assemblée nationale.

« Je n’ai pas de raison de penser que le préfet de la Seine-Maritime a fait une appréciation erronée de ce dossier, de la même façon que je n’ai pas de raison de penser que son décès soit lié à la procédure administrative qui a été menée », a-t-il ensuite insisté, malgré les huées dénonçant la brutalité de la politique des OQTF en France.