Le gouvernement camerounais a interdit, à compter de mercredi, les rassemblements publics et la circulation des motos-taxis dans plusieurs villes avant les résultats de l’élection présidentielle à laquelle l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary s’est autoproclamé vainqueur face au président sortant Paul Biya, 92 ans.
Depuis la semaine dernière, les partisans d’Issa Tchiroma qui selon son propre décompte a remporté 54,8% des suffrages contre 31,3% pour le président sortant Paul Biya, sont descendus dans la rue pour revendiquer la victoire au scrutin présidentiel.
La plupart des analystes s’attendent à ce que Paul Biya remporte un huitième mandat, dans un système que ses détracteurs accusent d’avoir été verrouillé au fil de ses 43 ans au pouvoir. Ces manifestations ont parfois tourné en affrontements avec les forces de sécurité anti-émeutes dans plusieurs localités.
Lire aussi: Au Cameroun, l’opposant Issa Tchiroma Bakary revendique la victoire face à Paul BiyaSelon un arrêté préfectoral paru mardi, «en vue de permettre un meilleur maillage sécuritaire de la ville de Douala, à l’issue du scrutin du 12 octobre», les «activités de transport par motocycles sont interdites» de mercredi 18h00 à jeudi 6h00, ainsi que «le jour de la proclamation des résultats de l’élection» et de «la prestation de serment du Président de la République alors déclaré élu».
Dans le département de la Ménoua, à l’ouest, «toute manifestation publique de rue et la circulation des motos-taxis» sont interdites «jusqu’à nouvel ordre», selon un arrêté préfectoral paru mardi.
Issa Tchiroma Bakary appelle à descendre dans la rue
L’ancien ministre passé à l’opposition Issa Tchiroma Bakary a appelé mercredi les Camerounais à manifester si le Conseil constitutionnel venait à proclamer des «résultats falsifiés et tronqués», dans un discours réaffirmant sa certitude d’avoir remporté l’élection présidentielle.
«Le peuple camerounais, dans son immense majorité, n’acceptera jamais la validation par le Conseil constitutionnel de la falsification et du bourrage des urnes», a déclaré le candidat dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.
«S’ils préfèrent menacer la sérénité et la paix du pays plutôt que d’admettre la défaite, nous répondrons par la détermination pacifique du peuple. J’invite donc tous les Camerounais […] à sortir comme un seul homme, dans la paix et dans l’amour de la patrie. Marchons pour la libération et pour la revendication de notre victoire», a-t-il poursuivi.
Lire aussi: A Yaoundé, une librairie se bat pour la liberté d'expressionLes cours suspendus à l’université de Garoua
Les cours ont également été suspendus à l’université de Garoua «avant, pendant et après» la proclamation des résultats de l’élection présidentielle «du mercredi 22 octobre au vendredi 24 octobre», selon un communiqué du recteur.
Mardi, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji avait annoncé l’interpellation à Garoua de 20 personnes pour des faits «d’insurrection et d’incitation à la rébellion» et leur déferrement devant des tribunaux militaires. Le ministre avait également invité les citoyens «à garder leur calme».
Les résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel devraient être connus jeudi soir au plus tard, après l’examen des huit recours qui a débuté mercredi. Les partisans de chaque camp ont publié depuis plusieurs jours des compilations de résultats pour avancer la victoire de leur candidat.
Les membres du Conseil constitutionnel sont considérés comme proches du président Paul Biya. En août, ils avaient rejeté la candidature de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018 mais dont il s’était proclamé vainqueur au lendemain du vote.
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