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Cent ans d’histoire de Janette Bertrand : le Québec dans les mots de nos aînés

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Janette Bertrand dévoile mercredi le livre Cent ans d’histoire, coécrit avec l’historien Laurent Turcot et plus de 2000 personnes aînées qui lui ont envoyé leur autobiographie. Un cours d’histoire inusité qui nous ouvre les yeux sur le quotidien de nos aïeuls et aïeules, de la Grande Noirceur à nos jours.

En avril 2020, alors que la pandémie de COVID-19 faisait ses premières victimes au Québec, Janette Bertrand s’est demandé comment elle pourrait alléger les angoisses et briser l’isolement des personnes âgées confinées chez elles. Elle a alors eu l’idée de leur apprendre à écrire leur autobiographie.

Avec l’appui du Dr David Lussier, gériatre et directeur scientifique du programme AvantÂge de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, elle a produit une série de huit capsules explicatives sur l’écriture autobiographique, à l’intention des personnes âgées de 65 ans et plus. Malgré leurs attentes modérées, ils ont reçu plus de 2000 manuscrits.

Les gens ont compris tout de suite. J’ai été dépassée par leur aisance à communiquer. Et ils savaient que je ne les jugerais pas, ils pouvaient tout me dire, explique-t-elle en entrevue avec Radio-Canada, au 30e étage de la tour à condos qu’elle habite, au centre-ville de Montréal.

Cinq ans plus tard, ces récits se retrouvent distillés dans l’ouvrage Cent ans d’histoire : vous m’avez raconté le Québec. Le tout est entrecoupé d’anecdotes personnelles racontées par Janette Bertrand et de compléments historiques rédigés par Laurent Turcot, professeur, historien et vulgarisateur derrière les capsules L’histoire nous le dira.

Je ne me sentais pas capable de faire ça toute seule. Il me fallait un historien avec des chiffres, résume-t-elle.

L'homme s'exprime devant une clôture en bois.

L'historien, professeur et écrivain Laurent Turcot

Photo : Radio-Canada

Le joug de l’Église et le silence des femmes

Plusieurs thèmes récurrents se retrouvent dans les biographies qui alimentent le livre. À commencer par la mainmise de l’Église catholique sur la société avant la Révolution tranquille, et son obsession pour les familles nombreuses. Un héritage entre autres de Saint-Augustin, un des quatre pères de l’Église latine qui disait croissez et multipliez.

Pas une famille de deux ou trois; une famille de douze, quinze, jusqu’à vingt-deux enfants, écrit Janette Bertrand dans l’ouvrage. Le curé de la paroisse se faisait un devoir d’interpeller les femmes pour leur rappeler qu’elles devaient procréer.

Elle cite même une biographe qui affirme avoir été excommuniée parce qu’elle avait refusé d’obtempérer aux règles de l’Église sur la contraception.

Un autre thème revient systématiquement dans les biographies : la soumission des femmes à leur mari et leur enfermement dans les rôles traditionnels auxquels la société les confinait. 

L’homme dominait, l’homme avait toujours raison, la femme écoutait, explique Mme Betrand, qui se souvient de sa stupéfaction lorsque son père lui a raconté qu’un mari pouvait faire enfermer sa femme à l’hospice Saint-Jean-de-Dieu, avec seulement un papier du médecin.

À la lecture du livre, on est également estomaqué par l’omniprésence de la violence dans les récits qui y sont relatés, que ce soit la violence envers les enfants ou la violence conjugale. Une violence souvent décuplée par l’alcool, alors que dans environ 60 % des biographies, le père de famille est alcoolique.

Il y avait deux tavernes en face de chez nous et, à 9 h le soir, les femmes arrivaient avec leur bébé et venaient chercher leur mari qui dépensait sa paye, explique Janette Bertrand. Et c’est là que la main se levait. J’ai vu ça, moi. J’ai aussi eu la strap à l’école primaire parce que j’avais parlé dans le corridor.

Meubles glacières et ceintures à guenilles

Le livre est rempli de scènes du quotidien dont on parle rarement dans les cours d’histoire à l’école, qui se contentent souvent de brosser un large portrait de l’évolution de la société sans entrer dans les détails.

Les biographes nous rappellent, par exemple, l’existence du meuble glacière, ancêtre du réfrigérateur doté de deux compartiments : celui du bas pour les aliments et celui du haut pour accueillir le gros bloc de glace qui servait à les garder au frais, autant que possible.

On (re)découvre aussi les ceintures à guenilles, un ancien dispositif de protection menstruelle qui consistait en quelques bandes de tissu que les femmes mettaient dans leur culotte, tenues autour de leur taille par une ceinture élastique.

Il ne fallait surtout pas que les hommes de la maison voient ça, c’était trop dégueulasse!, écrit Janette Bertrand, illustrant tout le tabou qui entourait les menstruations – et le sexe en général – à l’époque.

Les récits dépeignent aussi une tout autre conception de la notion d’intimité, qui était pratiquement inexistante à l’époque. Les gens se soulageaient souvent les uns à côté des autres, ou encore dormaient jusqu’à cinq dans un seul lit, couchés à l’horizontale sur le matelas.

Appelons ça la petite histoire, ou l’histoire inusitée. [Laurent Turcot] me dit que ça devrait être dans nos archives parce que c’est notre passé. Ce ne sont pas des historiens qui l’ont écrit, ce sont les gens qui l’ont vécu, explique Mme Bertrand.

Résilience et sacrifices

Au terme de la lecture du livre, qui se fait rondement avec ses quelque 160 pages, on a l’impression de s’être rapproché de ces aînés anonymes, dont les récits sont empreints de force et de résilience.

Sans être sacrifiée – Janette Bertrand estime que ce terme est empreint de jugement – cette génération a consenti de nombreux sacrifices pour assurer un meilleur avenir aux suivantes, selon elle.

C’est pour ça qu’à la fin du livre, je rends hommage à tous ces gens. Ils ont sacrifié beaucoup de leur vie. Il faut se souvenir de ça.

Le livre permet aussi de mieux apprécier le chemin parcouru dans le dernier siècle, mais il reste du travail à faire, affirme celle qui a passé sa vie à se battre pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Janette Bertrand fait d’ailleurs encore le saut lorsqu’elle entend dire que le Québec est une société matriarcale. Matriarcale, ça veut dire que les femmes ont le pouvoir. On n’a pas les pouvoirs; on est d’ailleurs encore payées 10 % moins que les hommes, à travail égal, conclut-elle, toujours aussi lucide du haut de ses 100 ans. 

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